La famille Fersen est Autrichienne. Ses membres prônent toujours les valeurs ancestrales. Tout dans leur manière de se comporter, de parler, de se lier aux autres rappelle les sorciers d'antan. Leur charisme, leur flegmatisme incitent au respect. Leur altruisme est apprécié et plus encore leur générosité. C'est une famille qui accorde beaucoup d'importance à l'éducation de ses enfants. Ces jeunes pousses, selon eux, sont l'image de leur famille, il est donc important de leur accorder tout leur temps possible. Et surtout les guider tout au long de leur vie pour un avenir glorieux. Mais il fallait bien que ce rituel soit brisé par un quelconque membre... Une personne qui se rebellerait contre ce régime. Une personne qui désirerait choisir sa propre voie et tester ses propres moyens. Ce vilain petit canard s'appelle Manon de Fersen.
Dès son jeune âge, la petite fille montrait son penchant pour l'indépendance. Elle n'avait que faire des conseils avisés de sa mère, des regards courroucés de ses proches. On critiquait sa spontanéité et son mépris pour les modalités. Son petit côté authentique agaçait sa famille. Son père, quant à lui, disait avec un optimisme qui ne lui ressemblait pas, que sa fille était encore jeune et que ces fantaisies lui passeraient avec l'âge. Mais il se trompait sur toute la ligne.
Les murmures sur le passage de Manon se décuplaient avec l'âge. Ce n'était plus simplement sa manière de comporter qui posait problème. En effet, les critiques se tournaient à présent vers ses parents qui n’avaient su la dompter totalement. On la jugeait gâtée et capricieuse alors que c’était fort loin de la réalité. Claire, la mère de Manon, était sévère avec sa fille. Elle ne cessait de la reprendre avec une voix douce mais déterminée au moindre faux pas. La jeune fille ne supportait pas que sa mère soit sur son dos, tout le temps. Aussi, leur relation fut légèrement conflictuelle.
A ses onze ans, Manon fut appelée à rejoindre l’école Beauxbâtons où elle devait poursuivre ses études au collège. Les parents de la jeune fille espéraient que la fréquentation des camarades de son âge l’inciterait à mieux se comporter. L’école de magie était très respectueuse des coutumes.
A Beauxbâtons, la jeune Fersen fut heureuse. Elle se trouvait dans un endroit où les rumeurs amplifiées de son hyperactivité ne la précédaient pas. Elle était loin de l’univers familial et pouvait s’épanouir comme elle le désirait. A Beauxbâtons, elle se sentait comme chez elle.
Chez les professeurs, Manon passait pour être une élève assez étrange et remuante mais on lui oubliait ses petites folies puisqu’elle avait de bonnes notes. Enfin… elle tenait à garder un niveau moyen dans toutes les matières mais se distinguait seulement dans celles qu’elle préférait : Les potions et la métamorphose.
Les années à Beauxbâtons se passèrent comme dans un rêve. Son humeur habituellement joyeuse laissait place à un air placide lorsqu’elle avait à franchir le pas de la demeure paternelle. Son dédain pour sa famille s’accentua encore plus lorsque ses parents commencèrent à parler avenir.
Ils avaient décidé qu’elle se marierait, à la fin de son cursus scolaire. Son prétendant était un anglais qu’elle commencerait à fréquenter lorsqu’elle aurait fini son cursus scolaire. La nouvelle lui tomba dessus, l’été de sa sixième année. Une violente dispute se tint entre Manon et sa mère. Mr Fersen, absent, n’eut vent de ce conflit que quelques jours plus tard mais sa présence n’aurait eu aucun impact car il tenait à ne prendre aucun parti. C’était Mrs Fersen qui dirigeait tout, la tête de la petite famille. Et elle refusa d’écouter sa fille. Malgré le refus de sa mère, Manon savait que sa décision était prise. Elle ne se marierait pas tant qu’elle n’aurait pas son avis à dire là-dessus.
Dès lors, elle commença à faire des économies. A l’aube de ses dix-sept ans, elle quitta le domaine familial et vola de ses propres ailes. Aussitôt fait, elle ne retournera plus en France. Ses pas foulant une liberté nouvelle prirent l’Angleterre pour direction. Elle se contenta d’une chambre au Chaudron Baveur et réussit à se trouver un petit boulot au bar.
Ce voyage en Angleterre la conduit dans les bras d’Oscar Greengrass. Comment aurait-elle pu résister à ce jeune homme aux cheveux corbeau, au regard noir ? A son sourire discret, ses douces caresses qui la faisait frémir, puis rougir de plaisir. Elle était encore bien jeune lorsqu’elle l’avait rencontré. C’était une fleur délicate mais dont la tige était parsemée d’épines. Il avait plaisanté sa langue bien pendue et ses manières juvéniles. C’était un peu pour ça qu’il était tombé sur son charme. Elle était si différente des jeunes femmes qu’il fréquentait d’habitude.
Puis il l’avait présenté à ses parents comme sa fiancée. On l’avait acceptée pour son rang. Chez les Greengrass, on n’épouse pas une personne mais toute sa famille et son arbre généalogique. Mais rapidement, on s’est rendu compte que quelque chose clochait chez cette autrichienne.
«
L’avez-vu seulement vu, hier ? Elle a remercié l’elfe de maison, c’est curieux. -
Et son pantalon ? On aurait dit un gardien de dragon. Et elle plaisante si fort, quelle vulgarité ! -
J’aurais tant aimé qu’Oscar épouse une Anglaise. Je me demande ce qu’il lui trouve. Cette idée d’aller chercher une étrangère alors que tant de belles femmes…-
Assez, ma sœur, elle vient vers nous. »
Les minauderies reprenaient tandis que Manon s’affalait sur le fauteuil avec un soupir d’aise. Elle dénoua ses cheveux ; une cascade blond pâle se déploya sur ses frêles épaules sous le regard persécuteur de sa belle-mère. «
Nous donnons une réception demain, seriez-vous parmi nous, ma chère ? » Un mouvement de tête fut sa seule réponse ; Manon n’avait jamais aimé les réceptions.
C’était une jeune femme qui n’entrait pas les normes. Les murmures sur son passage ne semblaient guère la déranger. Elle semblait vivre dans son univers. Oscar la rendait heureuse et son bonheur se décupla lorsqu'elle apprit qu'elle était enceinte.
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Une petite fille, c'était une petite fille ! Oscar tenait le minuscule poupon dans ses bras. Il admira avec béatitude les petits doigts qui s'ouvraient et se renfermaient tour à tour. Il caressa doucement la tête couverte d'un fin duvet de jais. Le petit nez mignon frémit alors que le père passait son doigt sur la joue lisse du bébé. Oscar installa l'enfant dans son couffin avant de déposer ses lèvres sur le front de la mère qui sommeillait sereinement après de longues heures de labeur.
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Aussi loin que ses souvenirs l'emportent, la personne omniprésente dans la mémoire de Thalia demeure sa grand-mère. Ce fut son mentor, son chef de troupe, son éternel soutient. Son admiration pour elle n'a cessé d’accroître avec le temps, elle la tenait pour modèle et la dame ne semblait pas en être surprise. Au contraire, elle la prit en charge, participant à son éducation au même titre que ses parents ; peut-être même plus. Grâce à elle, Thalia acquit sa méfiance naturelle envers les étrangers et un charisme dont elle peut être fière.
Ses parents n'avaient pas été absents de sa vie. Au contraire, ils l'ont toujours chérie et portée en leur coeur. Oscar Greengrass n'avait cessé de lui rappeler la noblesse de son nom et la valeur du sang qui coulait dans leurs veines. Très jeune, Thalia apprit à dédaigner les personnes différentes de son titre. Les traîtres à leur sang, les nés-moldus ne présentaient pour elle qu'une cour de roturiers qui ne méritaient pas son attention. La jeune Greengrass ne les persécutait guère au grand jour, consciente de garder mon image inaltérable, mais leur vouait tout de même un mépris total.
Manon, quant à elle, essayait de la "dérider un peu", la faire sortir des convenances... Mais Thalia ne semblait pas très réceptive. Ou plutôt, elle cachait bien son jeu. Adoptant les excellentes manières que lui inculquaient sa chère grand-mère, Thalia disposait quand même qu'un côté peu ouvert aux règlements et n'aimait en faire qu'à sa tête. Certes, l'enfant Greengrass était toujours polie, avec des manières irréprochables et ne se faisait généralement pas remarquer. Mais cela ne l'empêchait pas de faire des petits coups loin des regards suspicieux. Un petit sourire, un regard innocent et les soupçons se dirigeaient plutôt vers un quelconque enfant dans les parages.
Thalia avait même réussi à faire punir Sirius Black, une fois. Cela faisait longtemps, la raison lui était floue et elle n'était pas sûre que lui-même s'en souvienne, de toute façon. A l'époque, la grand-mère de Thalia avait convenu avec les parents de Sirius d'un mariage pour unir les deux familles. Manon n'en avait eu mot ; on savait bien quelle serait sa réaction. Thalia, quant à elle, était bien trop jeune pour se soucier de ces histoires.
Et quand elle rejoint Poudlard, les choses ne changèrent guère. La petite fille, déjà bien réfléchie, s'entoura de jeunes personnes de bonnes familles. Les sang-mêlés et les nés-moldus n'étaient pas les bienvenues dans ses rangs. L'indifférence était sa plus grande arme au grand jour. Mais gare à celui qui s'y prenait à elle. Thalia trouvait toujours moyen de faire payer. Chantage, coups bas, tous les moyens sont bons pour que mademoiselle laisse enfin passer l'affront fait à sa personne.
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«
Tu comptais marier notre enfant unique, sans me prévenir, moi, sa mère ?! -
Je savais que tu ne serais pas d'accord. Je pense au bien de la famille avant... »
Manon le stoppa d'un geste las de la main. Un soupir mourut sur ses lèvres alors qu'elle essayait de se calmer. Une telle trahison ! Elle ne s'y attendait pas du tout. Elle savait qu'Oscar était toujours tiraillé entre sa mère et son épouse, cherchant à les contenter toutes les deux, le plus possible. Mais qu'il prenne si soudainement le parti de cette vieille mégère lui était insupportable. Il connaissait pourtant son point de vue sur les mariages arrangés. Manon se tordit les mains nerveusement, se balançant d'avant en arrière.
«
Madame, vous vous faites du mal. Cette discussion est vaine ; le mariage a été annulé. Même si nous avons tous les regrets de laisser échapper une telle occasion, il est hors de question que ma fille ait un tel prétendant. Reposez-vous, ma chère, je demanderai à ce que le dîner vous soit servi dans votre chambre. »
Oscar baissa les rideaux d'un mouvement de baguette et sortit en fermant doucement la porte, laissant son épouse dans la pénombre.
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Thalia trouvait toujours moyen de se venger... Néanmoins, elle ressentait une amertume inaltérable à l'égard de Sirius. A cause de ses pulsions absurdes, l'occasion de s'unir aux Black était partie en fumée. L'héritière Greengrass mettait tant de passion à haïr le jeune jeune que leurs confrontations étaient souvent pleines d'étincelles.