Part 1: o' children, lift up your voice La fillette fixait d'un regard haineux le chien devant elle. Le Chien, c'était son prénom, ne faisait pas réellement attention à l'enfant, occupé à mâchonner sa nouvelle trouvaille : un lapin bleu. Peluche, qui, appartenait à Rosalind depuis toujours. Même ses parents n'avaient pas le droit de le prendre, et encore moins ses deux soeurs. Elle était une enfant possessive et cela la rendait parfois méprisable. Quoiqu'il en soit, présentement, si elle avait pu, elle aurait étripé ce sale chien sans une once de pitié. «
Rends-moi ça !» cracha-t-elle haineuse en avançant une main autoritaire. Le Chien leva des yeux ennuyés sur la rousse et reprit sa besogne sans faire cas de la petite fille. Excédée, furieuse, Rosalind s'avança de façon menaçante vers la sale bestiole et se mit à hurler de sa petite voix, alertant ses parents sous la véranda. Ils accoururent vers leur enfant, inquiets de l'entendre aussi furieuse et tombèrent sur un drôle de spectacle. Elle tenait fermement son lapin dans les bras, regardant avec surprise Le Chien. Le Chien qui flottait à quelques centimètres du sol. Pas grand chose, juste un ou deux, mais cela semblait suffisant pour le faire paniquer et glapir. «
Rosie ?» La petite tête rousse se retourna, Le Chien s'écrasa sur le sol et partit se réfugier dans sa niche. «
C'est pas moi ! C'est lui !»
(...)
«
Poudlard ? C’est quoi ça ? » demanda-t-elle du haut de ses onze ans tout juste. Elle tourna l'enveloppe recto verso, des armoiries qu'elle n'avait jamais vues étaient moulées dans de la cire rouge brun. L'enveloppe avait une drôle d'odeur, une odeur de poudre, elle était jauni, les lettres étaient écrites d'une façon étrange. Mais aucune réponse, elle leva son regard et le posa sur les personnes qui se trouvaient à la même table qu'elle. La femme était à côté de son mari en face de la jeune fille. «
Mais qu'est-ce qu'il se passe ? » dit-elle en posant l'enveloppe sur la table en bois de rosier. Elle releva le regard et vit ses parents s'échanger un regard appuyé. «
Tu ne connais vraiment pas Poudlard Rosie? Pourtant nous en parlions souvent quand tes soeurs et toi étaient plus petites. » La jeune fille fit non de la tête. «
Pourquoi devrais-je la connaître ? Je vous signale que les seules conversations dont je me souvienne concernaient le cirque. Mais pas de votre Poudlard à deux sous ! » dit-elle de but en blanc, la femme porta sa main à sa bouche, surprise du ton qu'elle avait employé mais surtout de ce qu'il se passait derrière la fillette. Rosalind se retourna et regarda le mur posté en face d'elle. Elle reçut un coup au coeur, les pots de fleurs s'étaient séparés en deux, laissant s'éparpiller le terreau. «
C'est moi qui ai fait ça n'est-ce pas ? » l'homme fit oui de la tête, un sourire au lèvre. «
La magie ça n'existe pas. C'est comme votre histoire de père noël et de petite souris. » «
Ce ne sont pas des histoires pour enfants Rosalind. Tu es une sang-mêlée. » lâcha-t-il de but en blanc, sa femme posa une main sur la sienne. «
Oh, en théorie tu ne devrais pas avoir d'ennui à Poudlard. Tu ne seras pas la seule dans ce cas. »
(...)
«
Rose. » dit-elle en hochant la tête de bas en haut, elle reporta son attention sur la fenêtre tandis que la personne qui lui avait demandé son nom s'installa sur la banquette en face d'elle. La demoiselle de onze ans ne voulait pas se faire de connaissance. Elle serra les dents quand l'autre enfant âgé du même âge qu'elle commença une conversation à sens unique, elle apprit tout de lui, sa vie sans vraiment lui demander. Il avait fait un monologue, souvent interrompu par les bonbons qu'il ingurgitait. «
Tu me lâches d'accord, j'ai pas envie de te parler, ni à toi ni à personne. » grogna-t-elle en décollant son front de la fenêtre, regardant méchamment l'autre personne. Surprit, il se leva et partit du wagon, laissant la rousse seule. Elle sortit sa baguette, vingt-cinq centimètres, renfermant du crin de licorne. C'est ce qui lui avait dit le marchant de baguettes. Elle était fascinée par sa baguette d'autant plus qu'elle avait été sculptée dans du bois de cèdre, son bois favoris. «
Enfin seule » mumura-t-elle en posant son regard admiratif sur la baguette qu'elle tenait au bout de ses doigts. C'était tout nouveau pour elle, pourtant elle avait enfin trouvé sa place.
Part 2: You're a coward to the end Un bruit la réveilla en sursaut. Sa tête bougeait dans tous les sens, à la recherche de la provenance du bruit, mais rien. Toutes les filles de son dortoir étaient encore en train de dormir. Était-elle donc la seule à avoir entendu ce bruit? Devenait-elle donc folle? Rose se recoucha alors doucement. Mais à peine s'était-elle tournée sur son côté gauche qu'un bruit la fit sursauter une nouvelle fois. Non, cette fois-ci, c'était bien réel, elle ne rêvait pas. Doucement, elle se glissa hors de son lit. Rose frissonnait tandis qu'elle posait ses pieds sur le sol froid. Rapidement, elle mit ses chaussures, s'enroula dans sa robe de chambre et quittait silencieusement son dortoir, baguette en main. La salle commune des poufsouffle était totalement silencieuse. Que devait-elle donc faire? Retourner dans son lit? Non, elle savait que maintenant, elle n'arriverait plus à retrouver le sommeil. Finalement, c'est en prenant son courage à deux mains qu'elle décida de sortir. Les couloirs semblaient silencieux, mais Rose savait que ce n'était pas le cas. Non, elle avait entendu ce bruit, elle était encore sainte d'esprit, et absolument réveillée maintenant.
«
Lumos » Une petite lumière sortit de sa baguette, éclairant ainsi le couloir. Lentement, elle s'y aventura, retenant son souffle et faisant le moins de bruit possible. Dix minutes, puis vingt. Finalement, rien n'attira son attention. Elle soupira alors, se disant qu'en fin de compte, elle avait sûrement rêvé. Et alors qu'elle allait faire marche arrière et retourner dormir, une conversation provenant à sa droite attira son attention. Elle s'approcha alors, lentement, doucement, sur la pointe des pieds. En faisant le moins de bruit possible, elle ouvrit la porte. C'est là qu'elle la vit, sa petite soeur avec ce foutu Lestrange. Rose resta plantée là, incapable de faire le moindre mouvement tandis qu'Arabella semblait essayer de convaincre l'autre abrutit que la pureté du sang n'apportait rien de plus. Rose posa alors rapidement la main devant sa bouche, empêchant qu'un hoquetement de surprise ne sorte et ne trahisse sa présence . «
Fais gaffe Gerkins, la prochaine fois que tu oses me dire une phrase dans le genre, ce ne serait certainement pas un sortilège de saucisson que tu te prendras.» Mais Arabella ne disait rien, elle continuait de le défier du regard. Rose était dans l'incompréhension la plus totale. Sa soeur ne tenait pas à la vie pour lui dire de telles choses ? Puis, en une petite minute de lucidité, elle croisa le regard du jeune homme. La jeune fille prit peur et se recula, n'ayant ni l'audace ni même le courage de sa soeur... Et elle prit la fuite, laissant Arabella avec l'autre cinglé. Puis elle couru jusqu'à son dortoir, sauta dans son lit et se promit de lui tenir tête un jour. C'était vraiment qu'une pauvre fille. Cette nuit-là, en plus de comprendre que ce n'était qu'une lâche, elle comprit aussi à quel point le monde pouvait être horrible. Cette nuit-là, elle comprit également que, sous prétexte que sa soeur n'était pas issue d'une famille de sang-purs, elle avait été puni. Sa vision du monde s'était mise à changer et elle réalisa que sa mère avait menti, que sa soeur et elle auraient des ennuis. Tout semblait tellement plus simple quand les parents étaient tous les deux des sorciers. Personne ne pouvait juger ni dire qu'il n'y avait pas de places à Poudlard pour ceux qui étaient des sangs mêlés voire des nés moldus.
(...)
Après cet incident, Rose s'abstint d'envoyer un hibou à ses parents. D'abord parce qu'elle ne voulait pas les inquiéter et surtout parce qu'elle avait honte d'avoir laissé sa petite soeur entre les mains de ce Lestrange de malheur. Ah ! elle le retenait celui-là. Enfin, ça c'est que Rose disait. Bien qu'elle soit particulièrement douée en sortilèges, jamais elle n'oserait s'en prendre à lui parce qu'elle savait bien que ça se retournerait contre sa famille. Il fallait être complétement dingue pour s'attaquer à lui ou un de ses proches. Avec un peu de chance, Vous-Savez-Qui en personne était ami intime avec les Lestrange (ce ne serait même pas étonnant) alors jamais ô grand jamais elle ne toucherait au serpentard. Et entre nous, avec un père moldu et une autre soeur cracmoll, les Gerkins ne feraient pas long feu si Rose s'amusait à s'attirer les foudres d'une famille de sang - purs...
part 3: I've told the truth so many years and no one seems to want to hear it 1, 2, 3. Nous irons au bois ». La voix enfantine de la petite dernière des Gerkins résonnait dans l’air glacé, presque avec un charme morbide. La brume qui régnait dans le parc enrobait la petite fille rousse qui continuait à fredonner. Un bouquet de fleurs flétries à la main, Rose voyait sa soeur tendre les bras pour garder l’équilibre, jouant les funambules sur une ligne imaginaire que le brouillard dissimulait. Les pétales choyaient au sol, disparaissant dans l’océan de fumée blanche. Le vent froid gonflait les boucles rousses de l’enfant qui s'étaient échappées de son bonnet. «
Ivy ne t’éloignes pas trop ! » s’écria alors la voix de Rose au loin. «
Tu sais que ce n’est pas sûr, puis nous devons aller rejoindre Ara. » La petite fille ne se retourna pas, ne répondit pas, manifestant aucun signe qu’elle avait entendu les sages paroles de sa soeur ainée. Elle poursuivait seulement son ascension sur ce chemin qu’elle ne voyait pas. «
4, 5, 6. Cueillir des cerises. » Ses pas rencontrèrent un obstacle, elle estima alors du bout du pied la forme de l’objet sur lequel elle avait buté. Un tronc d’arbre. Rose la vit sauter lestement sur la souche et suivre le chemin que le tronc dessinait au sol, s’enfonçant dans les profondeurs des bois du parc. Son fredonnement glissa dans le vent de l’hiver. Comme chaque après-midi pendant les vacances, Rose avait pour habitude de se promener dans ce parc qui se trouvait à deux pas de chez elle et traçait le même chemin à travers celui-ci, accompagnée de ses soeurs. Mais aujourd’hui, Arabella manquait à l'appel. Quelque chose semblait anormal et ce malaise empreignait jusqu’à l’air de la bourgade moldue. «
7, 8, 9. Dans son panier tout neuf. » La litanie se poursuivait, sombre et inquiétante, s’accordant à l’ambiance qui régnait sur les lieux. Rythmée par la mélodie qui s’échappait d’entre ses lèvres glacées, Ivy effectuait une pirouette sur elle-même sous le regard bienveillant de Rose qui se trouvait quelques pas derrière elle. Ses petites boucles volaient autour d’elle et un léger rire fila, emportée par la brise. Rose l'observa poursuivre son chemin par deux petits pas de danse qui firent tomber quelques pétales flétris au sol. «
IVY ! » cria l'ancienne poufsouffle au loin mais la petite fille resta sourde à l’appel. Seule la chanson semblait occuper ses pensées et emplir sa tête. «
10, 11, 12. Elles seront tou... » elle n’eut pas le loisir d’achever son couplet. Ses pas perdant dans la brume, elle ne vit même pas qu’elle était arrivée au terme du tronc. Etouffant une exclamation de surprise, elle chuta de la souche et se réceptionna sur ses mains, écrasant sans doute les fleurs sous sa paume. Mais au lieu de la terre, c'était une surface molle, froide et poisseuse que ses doigts rencontrèrent. «
…toutes rouges… » poursuivit lentement l’enfant en portant ses mains hors de la fumée pour les voir. Toujours à genoux, elle agita sa main comme pour dissiper la brume. Au fur et à mesure, c'était le visage d' une jeune fille qui lui apparut. Du bout des doigts, elle caressa doucement le visage glacée de sa soeur cadette, comme fascinée alors que Rose s'approchait, inquiète de ne plus voir sa petite soeur. «
Ivy ? » La voix venait de derrière quand tout à coup, un cri strident retentit dans tout le parc et fit s’envoler tous les corbeaux des bois dans les airs, telle une nuée macabre.
(...)
Après le décès d'Arabella, plus rien n'était pareil. Plus rien n'avait de goût pour Rose. Ivy-Blue, quant à elle, était bien trop petite pour réaliser que sa soeur ne passerait jamais plus le seuil de la porte. Le pire avait été d'annoncer la nouvelle à leur parents. Bien sûr, tout le monde apprit bien vite que la fille cadette des Gerkins avait disparue puisque les nouvelles se répandaient avant qu'on ait le temps de dire "quidditch". Les gens disaient qu'elle avait juste eu besoin de changer d'air et même les parents de Rose faisaient semblant d'y croire mais il était évident que c'était un meurtre et ce n'était certainement pas l’œuvre d'un moldu. d'un sorcier. Il n'y avait aucun doute là dessus. La jeune fille osait presque dire qu'elle connaissait l'identité de celui qui avait commit cette atrocité mais les preuves contre lui n'étaient pas tellement accablantes . Mais Rose le savait. Elle l'avait souvent vu à l’œuvre et le fait qu'il puisse tuer Arabella de sang froid ne l'étonnait guère. Il en était parfaitement capable. Après tout, il avait fait de sa vie un enfer pendant toute leur scolarité à Poudlard alors pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? Et quoi de mieux que d'ôter la vie d'une "sang-de-bourbe" pour faire la fierté de la famille Lestrange ? Ces sorciers répugnants se croyant supérieurs à toutes les autres familles de sorciers parce que messieurs dames étaient des sang-purs. Même Malefoy avec sa chevelure de rêve et son sang aussi pur que pouvait l'être Rose se la jouait moins que l'autre scroutt à pétard de Rodolphus. Vous comprenez bien, les Lestranges étaient tellement par-faits ! Mais avec les années, plus personne ne semblait se préoccuper de cette affaire.
Le père de Rose avait ouvert une boutique de farces et attrapes, prétextant qu'il était désormais trop vieux pour être acrobate. Mais tout le monde savait bien que depuis le décès de sa fille cadette, il n'avait plus le coeur à faire partie d'un cirque. Rose, quant à elle, avait réussi ses ASPICS avec brio (ou presque) et passionnée d'histoire de la magie, elle fit tout son possible afin de l'enseigner à Poudlard. Pas une mince affaire quand le précédent professeur ne voulait pas quitter son poste et que, même la mort ne pouvait l'y résoudre puisqu'il l'était déjà bel et bien... Mort. Quelle idée aussi d'engager Mr. Binns comme professeur alors qu'il était aussi transparent qu'il était ennuyant. Enfin, les cours risquaient de l'être un peu moins durant l'année qui s'annonçait. Pas que Rose ait la prétention de dire qu'elle serait un excellent professeur d'histoire de la magie mais elle aspirait à le devenir.