l'écume des jours (beau)

Baguette : Beau a souvent eu peur de ne pas pouvoir pratiquer la magie. Il a toujours été fasciné par l'idée d'avoir des pouvoirs, en étant cependant conscient qu'il était possible qu'il n'en développe pas. Et son angoisse n'a fait qu'augmenter après l'entrée d'Innocent à Poudlard, il avait peur de ne jamais être capable de le rejoindre.
Pourtant l'année de ses onze ans lui aussi s'est retrouvé dans le magasin de baguettes d'Ollivander. Lui aussi était entouré de cette profusion de bâtonnets de bois, comme autant de passerelles vers un monde merveilleux.
Et ce jour là une baguette l'a choisi comme porteur sans trop tergiverser. Le jeune garçon osait à peine y croire. Cette baguette de 32 centimètres, en bois de hêtre et ventricule de cœur de dragon, s'offrait à lui comme pour lui dire qu'il avait de nouvelles aventures à vivre à présent.

   Miroir du Riséd :
Dans ce miroir beaucoup voient la gloire, l'argent, mille et unes réussites. L'orgueil aveugle si aisément les êtres humains. Mais la vraie souffrance et les étapes qui blessent offrent un regard nouveau sur la vie, sur ce qu'on voudrait voir si tout allait mieux, si tout était bien et à sa place. Les compartiments du cœur bien ordonnés. Les souvenirs correctement rangés. Si bien que si Beau se trouvait face au miroir du Riséd il ne verrait rien de toutes ces superficialités. Il y aurait probablement sa mère, à sa gauche, souriante, une main posée sur son épaule comme si tout allait bien, comme si plus rien n'avait d'importance autre que cette paix animant les traits de son visage, comme si l'inquiétude n'existait plus. Elle sourirait tellement que ses yeux en pétilleraient, comme l'explosion d'un millier d'étoiles. Puis de l'autre côté il y aurait Innocent, évidemment. Il apporterait cette sérénité au tableau, parce que Beau sans Innocent ça n'existe pas, ça n'a pas lieu d'être. Ils sont la balance, l'équilibre. Ils n'ont pas besoin de mots. Ils sont Beau et Innocent, frères, amis, confidents, âmes sœurs et ce dans le sens le plus pur du terme, le plus vrai aussi. Ils seraient là, comme les deux faces d'une même pièce. Plus courageux et heureux que jamais. Tels les héros d'un roman fantastique. Doux rêve sucré. Ils se tiendraient la main, si fort que tout semblerait surmontable, même les épreuves les plus laides.

   Épouvantard : Il y a cette grande pierre de marbre. Il y a son nom gravé en lettres d'or. Aucune alternative, aucun moyen d'équilibrer le vide qui s'installe doucement dans tout son être. Bercé par la douleur. Le cœur serré, la gorge nouée, face à une simple pierre qui pourtant représente une destruction de plus qu'il ne supporterait pas et qui aurait surement un impact psychologique dévastateur.
Sur cette énorme dalle de marbre gris on trouve le nom de sa mère. Ces lettres qui gisent dans la pierre comme elle git sous terre, ce doré criard qui enfonce le couteau dans la plaie déjà béante. Cet épouvantard c'est la peur du vide et de l'absence sous la plus hideuse des formes. C'est l'idée que Beau se fait de la désolation, celle qui fait comprendre à coups de larmes, comme autant de pointes tranchantes, qu'aucun retour en arrière n'est envisageable et qu'on ne contourne pas la douleur, pas plus qu'on ne passe à travers.

   Amortentia : La première odeur qui viendrait à Beau en présence d'Amortentia serait les douces notes d'un parfum qu'il connaît depuis son plus jeune âge et qu'il sait reconnaître entre mille. Une senteur qui lui évoque la chaleur de bras réconfortant s'enroulant autour de ses épaules pour le protéger de toutes les épreuves de la vie, pour toujours. Une odeur du passé, qu'il désespère de pouvoir sentir de nouveau un jour. Celle de sa mère.
Le second parfum que lui évoquerait le filtre serait celui du printemps lorsqu'il revient enfin après de longs mois d'absence. Les fleurs libèrent de nombreuses odeurs aussi variées et mystérieuses que leurs couleurs chatoyantes, l'herbe sent de nouveau le soleil et appelle à la bonne humeur. Tout est totalement différent si on y ajoute les senteurs du printemps, qui d'ailleurs ont particulièrement marqué Beau dans son enfance car la période de son anniversaire correspondait à la fête de la fin de l'hiver.
La dernière odeur est celle du papier à lettre. Une autre odeur qu'il connaît depuis des années et qu'il a l'habitude de sentir. Il a souvent échangé des lettres avec son frère et chaque fois qu'il en recevait une il en était très heureux. Si bien qu'à force d'ouvrir les lettres il a fini par s'habituer à l'odeur qui se dégage du papier et qui lui rappelle son frère. D'ailleurs il a gardé toutes ses lettres, qui se trouvent dans une boite sous son lit.
   

Compétences magiques
 
   Duels : 6/10
   Potions : 8/10
   Métamorphose : 7/10
   Sortilèges : 8/10
   Légilimancie : 1/10
   Occlumancie : 2/10
   Quidditch : 3/10
   Divination : 5/10
   

Quand Innocent avait posé son pied sur la première marche à l'entrée du train j'avais tenté de sourire. Je ne voulais pas qu'il se sente déstabilisé, même si j'étais sûr qu'il l'était déjà. Je voulais juste lui communiquer une certaine sérénité, un peu de courage. Je comprenais parfaitement l'épreuve que représentait son entrée à Poudlard. L'épreuve ainsi que l'étape. Cependant j'avais confiance en mon grand-frère et une certitude que tout allait bien se passer. Peut-être une certitude fabriquée de toute pièce par ma culpabilité. C'était évident, je culpabilisais de ne pas être à ses côtés dans un tel moment. Évidemment je savais que ce n'était pas possible et qu'on ne changeait pas des règles établies depuis si longtemps en un claquement de doigts, mais je ne pouvais empêcher ce sentiment cruel de manquement à mon devoir de me tenailler au fur et à mesure que sa silhouette s'effaçait de l’entrebâillement de la porte du wagon. Je serrais fort la main de maman. Son autre main s'égarait dans mes cheveux, les caressant doucement. Effort vain pour tenter de m’apaiser. J'avais besoin d'Innocent. Besoin de pouvoir encore le serrer dans mes bras, une dernière fois avant qu'il parte. Quand la porte du wagon avait fini par se refermer et que le sifflement du train avait vrillé les tympans de toutes les personnes sur le quais, nous avions fait de grands signes avec la main jusqu'à le voir disparaître au loin. Je crois, non je suis sûr, que ses yeux étaient humides. Tout comme les miens quand une larme s'était enfin décidée à couler alors que nous nous détournions pour rentrer à la « maison ».

   

Ton absence pèse ici. Sans toi la vie quotidienne n'est plus la même, et même si je me doute que tu continues de découvrir chaque jour les merveilles que Poudlard a à offrir, j'ai hâte que les vacances d'été arrivent pour que tu nous reviennes. Je pourrais dire que « la vie sans toi n'est pas la vie », mais peut-être que ça sonnerait un peu trop mélodramatique.

Je n'arrive pas à croire que maintenant j'ai 10 ans depuis presque un mois, à 20 jours près. Bon d'accord, je sais que c'est beaucoup quand-même, 20  jours. Quoiqu'il en soit j'ai l'impression d'être un grand. L'impression seulement, parce que tu es loin, que je ne peux plus te prendre dans mes bras et te rassurer. Il y a ce vide qui me tenaille le cœur, mais je me répète qu'il faut que je sois patient et que si je parviens à attendre tout se passera bien. Pendant ce temps là c'est maman que je console quand elle ne va pas  bien. C'est elle que j'entoure de mes bras, la couvrant de promesses, les belles, celles qui disent que quoiqu'il  arrive tout va bien se passer désormais. Papa lui manque beaucoup je pense. Parfois je me sens un peu impuissant et dérouté par la situation. Mais j'essaye de la faire sourire et chaque mouvement de lèvres est une victoire. Seulement, ça me fait bizarre de ne pas pouvoir partager ces petites victoires avec toi en direct.

Je sais que je me répète chaque fois que l'on s'écrit mais j'espère que tout se passe bien à Poudlard. Je m'inquiète en permanence de comment les autres se comportent avec toi. Et puis de toute manière si quelqu'un te fait du mal je te vengerais quand je viendrai te rejoindre, ce dont j'ai tellement hâte maintenant. J'aimerais que tu me dises encore une fois comment est le château, comment sont les alentours, à quoi ressemble la Grande Salle, comment sont les nombreux couloirs et à quel point les cours sont intéressants. Je trépigne d'impatience rien qu'à l'idée de faire mes achats au Chemin de Traverse. Sauf qu'il y a encore beaucoup de temps à patienter...Mais tout va bien puisque l'été revient bientôt, et toi aussi par la même occasion.

Je me rends compte que moi aussi j'écris beaucoup quand c'est à toi que mes lettres sont déstinées. Ceci dit il n'y a qu'à toi que j'écris. C'est quand-même une chouette invention les lettres. Tu peux imaginer toi, comment on ferait pour vivre si on ne pouvait pas rester en contact comme ça ? Heureusement que les lettres sont là, parce que tu me manques extrêmement beaucoup grand-frère.

Je t'aime fort, tu me manques.

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C'est bientôt la fin de cette séparation permanente dont nous faisons les frais depuis un an et demi maintenant. Tout ce temps est passé si longuement pour moi. Il reste encore quelques longs mois, mais je me sens plus fort pour les affronter car maintenant j'ai vraiment conscience que chaque jour qui passe amenuise le temps qui nous sépare encore. Après ça nous serons réunis, au moins pour cinq ans. C'est déjà bien cinq ans. Puis rien ne sert de penser à après vu que ma rentrée est encore loin d'être là. Tout ce qui compte ce sont ces jours qui passent.

Bien que je sois quand-même assez impatient d'intégrer l'école. De plus en plus chaque jour. Je veux être dans le train, regarder le paysage défiler à travers la vitre, réaliser que je m'en vais vers un endroit comparable à nul autre. Là-bas je sais que la vie change à jamais. Elle n'a plus rien d'ordinaire, elle peut prendre le tournant le plus imprévisible et génial possible. En tout cas c'est comme ça que je me l'imagine. Est-ce que ça a été le cas pour toi ? Est-ce que tu te sens bien entre les murs du château ? En tout cas moi je me raccroche à ça, très fort, car les nouvelles et les commérages sont loin d'être positifs ces derniers temps. On parle de temps sombres à venir qui changeront le monde à jamais. Maman me dit de ne pas faire attention, de ne pas écouter les rumeurs, de ne pas me faire peur inutilement. Je sais qu'elle essaye de me protéger mais je suis grand maintenant moi aussi, j'ai besoin de savoir ce genre de choses. Ce monde dangereux il me faudra bien l'affronter un jour ou l'autre, alors j'ai besoin de prendre conscience de ce qu'est la menace. Même si je crois bien que plus j'en sais plus j'ai peur.

Il y a eu des disparitions suspectes ces derniers temps. Le rythme est en train de s'accélérer. Des murmures parlent de réunions sombres sous l'égide d'une grande puissance maléfique. Le pire c'est qu'ils parlent beaucoup des cracmols. J'ai entendu un homme dire qu'il fallait les éradiquer l'autre jour. Je suis terrorisé à l'idée qu'ils fassent du mal à maman. Je lui en ai parlé la dernière fois, j'en faisais une espèce de crise d'angoisse. Elle m'a fait un bisou sur la joue et m'a dit d'arrêter de m'inquiéter. Mais les nouvelles sont assez formelles alors j'hésite à la croire.

Quoiqu'il en soit j'espère une fois de plus que pour toi tout se passe bien, que l'atmosphère est moins sombre à l'école. Je suis sûr que tu as toujours d'excellentes notes et que la maison Serdaigle est fière de te compter dans ses rangs. J'espère que moi aussi j'irais là-bas quand je viendrai enfin.

Je t'embrasse grand-frère.

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Ceci est plus une note qu'une véritable lettre. J'écris les mots qui me viennent, avec frénésie et sans trop réfléchir. C'est comme lorsqu'on a des mots qui traînent sur la langue et qu'il faut absolument qu'on partage ça avec quelqu'un. Tu es ce quelqu'un par excellence parce que ma moitié, presque mon double. Je t'écris aujourd'hui pour partager mon excitation qui est presque incontrôlable. Je crois bien que je désespère maman à force de lui parler de ma rentrée tous les jours. Mais il faut dire que j'ai l'impression d'avoir tellement attendu que mon empressement est légitime, je crois. Plus que deux mois à patienter, enfin. Je ne réalise pas encore que bientôt nous étudieront au même endroit, que nous pourrons de nouveau nous voir tous les jours. Tu penses vraiment qu'il y a des chances pour que le Choixpeau m'envoie chez les Serdaigle ? Est-ce que tu crois que si je lui demandes il en tiendra compte ? J'espère bien moi, parce que ce serait génial de pouvoir marcher sur tes traces grand-frère. D'ailleurs j'espère aussi que tu me feras visiter tout le château quand j'arriverai. Tu dois bien connaître des passages secrets super chouettes et des trucs comme ça en plus.

D'ailleurs j'ai hâte que tu rentres. Plus que quelques jours. Plus que quelques jours avant qu'on soit de nouveau réunis tous les trois. Tout est à sa place dans ces moments là, même si papa me manque beaucoup en ce moment...C'est le fait de me dire que je vais passer un nouveau cap de ma vie et qu'il ne sera pas là, ni pour celui-là ni pour aucun des autres. Mais, je suppose qu'il ne faut pas que je me laisse tirer vers le bas par les choses négatives alors je vais sagement attendre ton retour. Je vais essayer de moins sautiller partout et d'écouter maman plus attentivement dans les jours à venir. Je crois que mon impulsivité l'énerve un peu. Quoiqu'il en soit on se voit bientôt.

Tu me manques beaucoup.
 

Je suis dans l'un des canaux mythiques réputés pour conduire les premières années au château le soir de leur rentrée. Je suis enfin là. Je ne suis plus spectateur lointain au travers des lettres, je ne suis pas un élément du décor. Je suis bel et bien là cette fois-ci. Je peux sentir le vent frais du soir qui soulève un peu mes cheveux. Les étoiles au-dessus de nos têtes brillent avec une intensité rare comme pour nous dire qu'elles savent qu'aujourd'hui est un jour spécial dont-il faut savourer chaque seconde. Elles nous font une haie d'honneur, en quelque-sorte. Tout le monde s'égosille partout autour de moi, tape des mains avec enthousiasme et pousse des cris d'ébahissement. Je crois que je suis le seul qui admire le spectacle silencieusement. Je regarde les énormes tours de pierre qui s'élèvent vers le ciel et qui ne font que se rapprocher au fil de nos mouvements fluides à la surface de l'eau. Il y a aussi de nombreuses lumières. Toutes les fenêtres éclairées par les teintes jaunes et orangées donnent à la silhouette de l'école une apparence de bâtiment de conte de fées. Même si je n'en ai jamais été particulièrement friand, j'avoue que cette fois-ci vivre un conte de fées ici me semble une excellente perspective. Quoiqu'il en soit j'y suis enfin, pour de vrai. C'est la vie qui commence aujourd'hui. Celle avec la magie, celle avec Innocent, celle pleine de surprises. Je n'ai plus à attendre, juste à tendre les bras pour accueillir tout ce bonheur qui m'arrive par vagues.