THERESA – La vie comme un cliché jauni

Baguette : La baguette de Theresa mesure à peine plus de dix-neuf centimètres et se compose de bois de cerisier ainsi que d'un crin de licorne. Vendue comme étant efficace dans les sortilèges de métamorphose, elle n'a jamais vraiment fait ses preuves dans ce domaine là. Tout au long de sa scolarité, la jeune fille a eu l'occasion d'essuyer les remarques quant à ses résultats partiels, notamment pour son verre à pattes – qui s'était mis à courir sur toute la table avec des petits membres de souris accrochés de chaque côté...

Miroir du Riséd : Elle-même déambulant dans une galerie présentant tout un tas de photos en noir et blanc, un sourire rayonnant étirant ses lèvres. Il y a des gens qui viennent lui serrer la main, la féliciter, admirant d'un air connaisseur ses œuvres accrochées aux murs. Une vie d'artiste des plus plaisantes et le succès, à l'heure, au rendez-vous.

Épouvantard : Sans le moindre doute, il montrerait une silhouette indistincte, sans visage, s'approchant d'elle d'un pas décidé, menaçant peut-être. Impossible de savoir de qui il s'agit, impossible d'en deviner les intentions. La peur de l'inconnu, dans tous les sens du terme...

Amortentia : Si Theresa s'approchait d'un chaudron d'Amortentia, elle sentirait la cire du parquet sur lequel elle s'asseyait avec son frère pour regarder et ranger les albums photos familiaux, l'infime couche de graisse qui se déposait sur ses doigts quand elle ouvrait son appareil pour en changer la pellicule, et le citron qui embaumait sa chambre quand sa mère daignait enfin allumer la bougie qui trônait fièrement sur son bureau – même si elle peut désormais allumer les bougies toute seule, c'est un souvenir des plus présents encore dans son esprit...

Compétences magiques

Duels : 7 /10
Potions : 6 /10
Métamorphose : 5/10
Sortilèges : 9 /10
Légilimancie : 0 /10
Occlumancie : 1 /10
Quidditch : 3 /10
Divination : 9 /10

Assise près de la fenêtre de sa chambre, sur l'immonde et inconfortable pouf rose à fleurs que sa mère lui avait déniché quelques années plutôt, Theresa regardait son grand frère, Clifford, aider leur père à décharger la voiture dont la peinture verdâtre commençait un peu à faire pitié. Ils discutaient tout en sortant les sacs de courses du coffre et éclataient d'un rire étouffé par la vitre fermée. C'était étrange de voir leurs lèvres bouger dans un silence parfait, seulement brisé par sa respiration calme et attristée. Il fut un temps où il n'y avait pas la moindre différence entre les enfants Collington, il fut un temps où elle serait descendue, ne serait que pour attraper le paquet d'essui-tout et mettre la main à la patte pour le simple plaisir de passer du temps avec les deux hommes mais c'était un temps désormais révolu. Elle remonta sa jambe vers elle et posa négligemment son bras sur son genou. Tout avait commencé à changer lorsque le Poudlard Express avait quitté pour la première fois King's Cross. Ses parents avaient beau lui dire que ce n'était qu'une impression, elle savait très bien que ce n'était qu'un énorme mensonge.

Elle comprenait, en soi, qu'ils puissent craindre un peu la différence qui s'était imposée malgré eux dans leur famille en la personne de leur petite dernière – elle se souvenait très bien le regard effrayé de sa mère quand elle avait allumé la bougie au citron posée sur son bureau sans même avoir à s'en approcher, son teint livide et elle revoyait même les carreaux rouges et bleus du chiffon qu'elle avait abandonné en prenant la fuite – ou même que son absence constante ait fini par l'effacer un peu du tableau parfait qu'ils formaient tous les trois. Ils avaient toujours vécu dans la plus normale normalité, aussi loin qu'elle parvenait à se souvenir il ne s'était jamais rien passé d'étrange dans cette maison avant ce triste jour de sa huitième année... Avec son frère, ils allaient à l'école, comme tout le monde, ils faisaient du sport le samedi après-midi (lui du tennis et elle de la danse classique), comme tout le monde, ils partaient tous les quatre en balade le dimanche matin, comme tout le monde, ils passaient leur vendredi soir à faire des jeux de société, comme tout le monde... Maman était bibliothécaire, Papa était conducteur de bus et ils venaient parfois expliquer leur métier devant le reste de la classe, parce que c'était des métiers que tout le monde connaissait...

Clifford s'appuya contre la carrosserie écaillée du véhicule, un lourd sac débordant de provisions en tout genre dans les bras. Elle attrapa son appareil photo qui attendait bien sagement sur son bureau, tourna la petite molette et l'approcha de son œil. Son frère fermait les yeux, profitant des quelques rayons de soleil pendant que leur père semblait chercher quelque chose du côté passager. Elle appuya sur le déclencheur et soupira doucement tandis que son bras retombait mollement sur son genou. Quelques secondes plus tard, ils avaient disparu suivi de près par un claquement de porte. Elle balança son appareil au bout de la dragonne avant de le reposer là où elle venait de le prendre. Il avait appartenu à son père et avait toujours été l'objet de tous ses désirs. Pendant longtemps, il l'avait empêchée d'y toucher, probablement de peur qu'elle ne finisse par le casser, puis un jour, sans qu'elle ne s'y attende, elle le retrouva sagement poser sur son lit, quelques pellicules entassées à côté. Elle avait crié de joie avant de se mettre à sautiller partout autour de son lit sans vraiment oser y toucher comme s'il risquait de disparaître si elle s'en approchait. Ce fut le début d'une longue histoire d'amour et d'une myriade de rêves d'avenir. Maintenant, il avait plus l'air d'un vestige d'une histoire ancienne.

Elle avait malencontreusement reposé son bien sur un morceau de parchemin froissé et sali sur lequel était griffonnée une adresse à l'encre violette. Sa meilleure amie avait déménagé et avait tenu à ce qu'elle puisse tout de même lui écrire ou mieux, passer la voir. Sa vie avait peut-être pris une tournure différente et difficile à supporter pendant les vacances mais elle n'était pas plus affreuse pour autant. Elle avait su se faire des amis dès son arrivée à l'école, dont certains avec qui elle partageait même ses origines, et parvenait à suivre les cours sans avoir des notes exécrables. Elle n'était pas la plus brillante des élèves mais se débrouillait plutôt bien, toujours ravie de mentionner ses résultats à ses parents au détour d'une lettre, puisque les notes étaient bien la seule chose qu'ils comprenaient de sa vie au château. Elle n'était ni malheureuse ni reniée, elle avait simplement pris un chemin un peu différent qui la poussait – provisoirement – à revoir sa conception de l'existence...