J'avais trois ans, lorsque mes parents sont morts lors d'un 'accident magique' qui s'était produit au Ministère. J'ai été adoptée par des Moldus un an plus tard, après avoir passé la dernière année dans un orphelinat délabré et sale, très peu accueillant. J'en faisais des cauchemars, quand j'étais plus jeune. Mon enfance ne fut pas facile: mes parents - Caroline, Louis - et mon frère - Jasper - adoptifs étaient excessivement impliqués dans la religion catholique, m'obligeant à les suivre à l'Église et à prier, à me faire apprendre la Bible par coeur et à croire à certaines stupidités incroyables. J'avais été élevée dans la Foi et l'existence de Dieu. Je n'avais pas eu de difficulté à vivre de cette façon jusqu'à mes onze ans. Lorsque l'École de Sorcellerie Poudlard m'envoya ma première lettre, je ressentis l'énorme besoin de la cacher. Déjà que mes parents avaient remarqué mon comportement étrange et les choses anormales qui se produisaient à l'intérieur de la maison, je n'avais pas besoin de me faire traiter de sorcière en plus. J'avais apprise que les sorciers étaient des enfants de Satan, que leur place était sur le bûcher. J'avais été très troublée de recevoir la même lettre un peu plus tard, avec une autre qui était écrite à la main, qui racontait l'horrible histoire de mes vrais parents. Je fus choquée, j'avais pleuré, et je m'étais rebellée contre la magie. Cette chose infâme qui m'avait enlevé mes parents. C'est à ce moment que je commençais à changer.
Mon innocence avait disparu. Moi, Marilya, j'étais devenue une jeune adolescente sûre d'elle, sarcastique, trop franche, méprisante, hostile, aguichante, provocante et sauvage. Quelques mois plus tard, on m'avait forcé à me rendre à cette école de sorcellerie sous les yeux étonnés de ceux que j'avais toujours appelés mes parents. À la dernière seconde avant de partir, Caroline m'avait jeté un regard noir, me laissant comprendre clairement ce message: 'Les sorcières ne sont pas tolérées ici'.
Enfin à Poudlard, nous étions tous passés par la 'Répartitions', comme ils aimaient l'appeler. Il y avait quatre maisons: Gryffondor, Serpentard, Serdaigle et Poufsouffle. Ces deux premières semblaient, selon les murmures des autres élèves, les deux Maisons les plus convoitées, ou je ne savais pas quoi. Lorsqu'ils nommèrent finalement mon nom, je grimpais les marches avec crainte sans le laisser paraître et m'assoyais sur le tabouret désigné. L'adulte se trouvant à mes côtés posa une espèce de vieux Chapeau sur ma tête, et je sursautais lorsque celui-ci se mit à marmonner. Je devais bien être la seule à entendre ce qu'il avait à dire...mais je ne prenais pas la peine d'écouter.
'Poufsouffle !'
J'avais été particulièrement désappointée d'entendre ce nom, au début. Dès que je m'étais assise à la table des Poufsouffles, j'avais senti que je n'étais pas à ma place.
Plus les années passaient, plus la situation empirait. J'avais des amis, plus de garçons que de filles, dans toute sortes de maisons. Gryffondor, Serdaigle...mais surtout Serpentard. Nous avions tous à peu près la même personnalité, ce qui facilitait les relations que je pouvais avoir avec eux.
Par contre, j'avais une 'mauvaise' réputation - pour les jeunes filles que je côtoyais - à cause de mon habitude à attirer les gars vers moi. Je ne prendrai pas la peine de citer mes nombreuses conquêtes car cela me semblerait parfaitement inapproprié.
J'avais été initiée aux Mangemorts à l'âge de seize ans. Et j'étais alors membre à part entière, j'étais l'une d'entre eux et je devais l'avouer, j'éprouvais une certaine fascination à propos de Vous-Savez-Qui, me poussant à faire des choses que je n'aurais probablement jamais fait auparavant.
J'étais devenue un monstre.
Mais j'en étais fière.
J'adorais faire du mal aux gens. Je ressentais le besoin de voir souffrir les gens, non pas par pur plaisir mais parce que cela me donnait l'impression de venger mes parents. On s'entend, ce n'était certainement pas de la bonne manière, mais je ne savais pas comment m'exprimer et la torture était la seule chose qui me semblait être une 'solution' à ma liberté d'expression défectueuse...
Je n'étais jamais retournée chez mes parents adoptifs depuis ma première année à Poudlard. Je m'étais arrangée pour rester avec mes amis proches, mais je n'avais jamais revu ceux qui remplaçaient ma famille. Je leur ai donné des nouvelles qu'une seule fois au cours de ma scolarité magique, et cette lettre contenait toute la haine et la colère que j'avais retenu contre eux depuis des années:
'Très chère famille,
Cela fait un bail, n'est-ce pas? Est-ce que je vous ai manqué? Oh, cela m'aurait étonné de toute façon, et sachez que la réciprocité de cette situation est très claire de mon côté également. Je vous envoie ceci en tant qu'avertissement: Si jamais je vous croise, que ce soit n'importe où, je ne vous épargnerai pas. Pour quelles raisons, me demandez-vous? Eh bien, parce que je ne vous dois plus rien, et que je suis en droit de faire ce qui me chante. Si je veux vous voir souffrir, vous n'aurez d'autre choix que d'obtempérer à mon désir. Jasper sera le premier à mourir si vous tentez de fuir, et sachez que mes intentions ne sont pas mauvaises, tout au contraire, je cherche à faire de ce monde un monde meilleur. Si vous voyiez les choses à ma façon, vous seriez d'accord avec moi, je vous le jure. Alors, voilà, gardez en tête que si vous voulez vivre encore longtemps, restez loin de moi, et ne me contactez pas, sous aucun prétexte.
Avec toute ma haine,
Marilya Joy Grey.'
J'étais seule, et je le resterai. C'était plus qu'une évidence. Et je devais l'accepter.